19.07.12


La nuit a ete courte. Il faut dire que l'agitation est grande et aurait pu me maintenir eveillee toute la nuit si mon corps ne me suppliait pas de le laisser se reposer.

Le ciel est unifromement gris. D'un gris clair sans nuances ou aucun nuage ne se remarque, ou aucun ton ne l'emporte sur un autre. Les nuages sombres de Bretagne dont la masse se detachait sur le bleu du ciel n'ont rien a voir. Je crois que pour le ciel, je preferais encore la Bretagne.

Centro historico. Amanecer.

Le voyage en avion m'a paru extrèmement rapide. J'y ai rencontré un jeune chercheur en agronomie, tombé amoureux du Mexique il y a 10 ans et qui y a posé ses valises depuis. Les rides au coin de ses yeux accompagnaient un sourire qui fendait son visage. Sa présence et sa discussion ont accompagné mon arrivée.

Les quinze dernières minutes, nous avons survolé la ciudad de Mexico (plus communément appelée DF, prononcé défé). 15 minutes a 400km/h au moins, je vous laisse faire le calcul de la surface parcourue. Des montagnes au sommet rond et doux (des volcans pour certaines) délimitent une plaine énorme, un plateau recouvert de béton, cables,tours, une sorte de flaque urbane qui s'étale a perte de vue.

J'écris ces mots assise sur le toit de l'auberge de jeunesse. Des jeunes travailleurs viennent de passer sur le toit d'en face. Ils longent les briques au bord du vide pour s'arrêter assis, les jambes pendantes et manger leur petit déjeuner. Ce sont des ouvriers qui vont retaper le clocher d'une église.

L'arrivée a l'aeroport a été rude. Assomée par les heures d'avion, Benjamin (le chercheur en agronomie) est resté a mes cotés pour le contrôle de migration et la douane. Puis il s'en est allé prendre son avion pour San Cristobal del as Casas. Une foule compacte attendait a l'arrivée, des cris et des larmes fusaient de toute part. Je me suis sentie entourée de ces effusions, bien qu'elles ne concernaient pas.
Et puis, le vide, l'immensité de la ville face a moi, minuscule dans un monde dont je ne connais rien. Les voitures qui vrombissent, passent a toute allure. Bref, une sortie d'aéroport comme les autres. Ma tête tournait devant tant d'agitation. Les mouvements, le bruit m'ont pris a la gorge. J'ai pensé : « A force de vouloir faire la maligne, tu vas peut etre finir par connaître ce que tu cherches tant ». On ne sait jamais vraiment pourquoi l'on part. Je ne pense pas fuir. En tout cas, on ne sait pas ce que l'on va trouver et c'est à peine si l'on sait ce que l'on cherche.

Je ne voulais pas prendre le metro en heure de pointe avec mes bagages, on me l'avait déconseillé a plusieurs reprises, comme de prendre le taxi, mis a part un taxi « autorisé ». Les taxis « autorizados » coûtent la peau du cul, plus cher qu'une nuit a l'auberge. Je n'arrivais pas a me résoudre a payer aussi cher pour rejoindre le centre ville. J'avais en tête Cuba et notre arrivée a l'aéroport. Elle a été a l'image de notre voyage. Nous avions refusé les taxis et préféré le bus pour finalement atterrir en pleine nuit dans la Havane, sans avoir aucune idée d'ou nous étions. Je pense que les premieres heures à l'arrivée déterminent beaucoup la suite du voyage,elles donnent le ton de ce que pourra être la suite. J'ai déambulé un peu avec mes gros sacs devant la sortie des passagers. Je regardais les visages, cherchant un air chalereux, un regard qui m'inspirerait confiance afin de demander conseil.

J'ai rencontré Edgar, un jeune mexicain qui attendait un ami anglais. On a discuté quelques minutes et il m'a proposé de me conduire en centre ville, puisque c'était son chemin. Edgar a été la chance de mon arrivée. Une fois retrouvé son ami anglais, on est monté dans sa toute petite voiture qui fendait courageusement le flot des centaines de véhicules a toute allure sur le périph'. Un monde féérique digne de films qui jusqu'alors me paraissaient « exotiques ». Les lumieres de « 2046 », les enseignes d' « Enter the void ». Des panneaux géants jalonnaient notre parcours, vantant les mérites de produits ou destinations inconnus.
De fil en aiguille, nous ommes allés mager des tacos dans un bouiboui eclairé au néon, la télé en fond sonore.
La police est omniprésente de jour comme de nuit. La nuit, les flics paradent a l'arrière de pick-up, armes aux bras, sirènes hurlantes, à fond la caisse entre les voitures. Ils semblent en spectacle permanent. Il y a bien sur une part d'intimidation, mais ca n'a rien avoir avec les trois jeunes recrues du plan vigipirate qui surveillent le métro a Marseille... On sent qu'ils jouent sur la peur et la violence qu'ils dégagent. De jour, ils sont plantés tous les cinquantes mètres, de part et d'autre du trottoir, équipés comme des CRS en pleine émeute urbaine. Certains pianotent sur leur portable, d'autres jettent des regards noirs a qui oserait un coup d'oeil. Leur présence crée une ambiance sans cesse incertaine, comme si tout pouvait arriver d'un moment a l'autre.
Ce qui d'ailleurs semble vraisemblable. A la question de son ami « cosas nuevas en tu vida? », Edgar a repondu «  oui, ils m'ont attaqué ». Il s'est retrouvé dans une fusillade ou sa voiture a été completement detruite, meme si lui a eu l'air de s'en sortir indeme. Son ami anglais, qui a deja vecu au mexique, ne semblait pas surpris. Ces quelques mots glissés dans une conversation banale m'ont fait pendre conscience a quel point la vie semble fragile ici, d'autant plus pour celui qui ne connait pas les codes. Pour autant, je ne ressens pas l'insécurité, a part a travers la presence éxagérée de la police.
La cerveza et les tacos nous ont aussi permis de parler des dernieres élections présidentielles. Le récent article du Monde Diplomatique est apparement fidele a la situation actuelle. (Sur Internet, l'article n'est pas encore disponible en entier, mais voici quand même >>> le lien <<< ). Les narcos semblent dicter le jeu de la démocratie puisque l'insécurité montante dûe aux guerres de territoires est entre autre le résultat de l'alternance politique et de la guerre declarée aux narcos par le précédent président Felipe Calderon. Il semble également que les accusations portées par AMLO (PRD,gauche, candidat "perdant") envers E.P. Nieto (PRI, droite liberale, candidat "vainqueur") soient fondées. Le PRI aurait acheté des millions de voix à travers divers moyens (pressions, chantages, cadeaux, promesses, argent). Edgar m'a dit en avoir fait les frais a son travail, tout comme sa mère. Le PRI contrôlerait une grande partie de la population votante grâce à sa mainmise sur les travailleurs. Ce sujet mériterait des recherches plus approfondies. AMLO a porté plainte aupres de l'institution électorale mais celle-ci semble acquise au PRI, tout comme les médias de masse, voir la justice. C'est un sujet complexe puisqu'il est lié a une multitude de problemes de la societe mexicaine.



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