Eje Central Lazaro Cardenas |
Il pleut à Mexico. Plutôt, il pleut à
Nativitas. La ville est tellement étendue qu'il peut pleuvoir à
Coyoacan et faire un soleil de plomb à Chapultepec. Il m'est
difficile de trouver les mots justes en francais tant l'espagnol
occupe mon esprit.
Pour l'instant j'habite un quartier
tranquille au sud. Ici la vie passe et se répète, rythmée par le
travail, les tacos et la nuit qui tombe. Tous les matins je suis
réveillée par les cris d'un homme qui parcourt les rue. Pendant
longtemps, je n'ai pas compris ce qu'il vendait ou annoncait, puisque
le temps que je me penche à la fenêtre, sa voix n'était plus qu'un
écho lointain. D'une voix rauque, a la tonalité identique tous les
jours de la semaine, il crie : “el gaaaaaaaaaaaaas”!
Cerca del Eje central sur. Eboueurs. |
En fin de journée, quand les rayons du
soleil rasent l'horizon et en sont plus perceptibles derrières les
immeubles, le vendeur de tamales pousse son chariot entre les
trottoirs : “Tamales! Ricos tamales oaxaquños! Tamales
calientitos!”. L'accent étrange des vendeurs de rue et de métro
paraissent venir de la fin des temps. Les visages me semblent
sculptés dans de l'argile. Les traits marqués et la profondeur des
regards rappellent que les origines ne peuvent disparaitre derrière
le rideau virtuel d'une société mondialisée. L'Histoire n'a pas
commencé à l'arrivée des Espagnols, ni à celle d'Internet. Au DF,
MacDonald's et Subway jallonnent les rues aux trottoirs défoncés,
côtoient des cantinas aux odeurs de friture et de chile, odeur
populaire qui attrape les passants et s'incruste dans leurs
vêtements, dans leur quotidien.
Je pourrais filmer et photographier
bien plus mais quelque chose retient mon geste, j'aurais l'impression
de voler une part de la réalité.
Le blues rythme mes semaines, me fait
découvrir des coins inconnus, et des gens qui sont allés trouver de
la magie là où peut en apporter la vie. Définitivement, c'est une
nouvelle vie que je m'invente ici. Ce n'est pas le vertige devant
l'infini ou bien la peur de tous les possibles que je resssens. Cela
ressemble plutôt à un envol, celui du cigne, majestueux car
puissant, lent et souple.
Wolkswagen. Magie de la nuit. |
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