Egon Schiele |
Il n'est jamais trop tard pour écrire.
Je veux dire, la nuit est porteuse de sensations, d'envies, d'idées.
C'est cela que je sens en ce moment. Une attirance pour les mots,
la necesité qu'ils ne restent pas à l'état de pensées. Je veux
interrompre leur vol et les immobiliser temporairement, pour mieux
les sentir, et pour les partager.
Comme fond sonore, une émission de
radio “artisanale” enregistrée par des gens d'ici, une
discussion sur la signification et l'utilisation de l'expression
“esta chica me late un chingo”. Littéralement, cela signifierait
“cette fille fait bien battre mon coeur” (mas o menos...). Plus
naturellement, cela exprime une attirance pour une femme. Je crois
bien qu'il n'y a qu'ici qu'on peut entendre cette expression de la
bouche des hommes.
Depuis un moment, je me questionne sur
la relation que l'on peut avoir à son corps, à celui des autres, à
celui de l'Autre. C'est aussi une reflexion sur les rapports de sexe,
et de genre. Ces pensées sont stimulées par ce que je vis, ce que
je vois, lis et ressens. Mais d'autant plus ici où les rapports
homme-femme ont une signification différente. Ils sont exacerbés,
parfois ils me paraissent simplifiés, portés à l'état de
carricatures ou de symboles. Et à la fois, à travers les
conversations, à travers la peinture ou des lectures, je découvre
ici la multitudes de portes que ces questions peuvent ouvrir.
Une féministe argentine, Diana Maffìa,
a écris sur la dimension symbolique de la frontière. Elle envisage
les corps comme une frontière, comme “une limite qui (re)ordonne
les aspects de la vie” (comme le temps, les comportements ou le
d'esir par exemple). Les corps comme “lieux de séparation ou de
rencontres”. Envisager le corps comme une zone de clivage qui
faconne l'identité a quelque chose de fascinant. A la fois c'est une
porte ouverte à toutes les violences immaginables, physiques,
symboliques, psychologiques, puisque cela revient à octroyer au
corps une vulnérabilité qu'il n'aurait pas sinon. Et à la fois, le
corps devient une sorte de facade interactive, perméable, et capable
de transfromer les vies et les personnes. Le corps revêt donc une
fragilité très émouvante,, comme une ligne éclairée à la lueur
d'une bougie, une ligne tremblante, vascillante. Voilà pourquoi
l'idée de coprs comme frontière me parait si intéressante.
Pour ceux qui souhaiteraient lire ce
qu'a écris Diana Maffìa,
Bonjour Florence,
RépondreSupprimerle corps comme frontière, bien sûr. Avec dans ce corps frontière des zones frontières : des trous, des espaces vides qui livrent le passage à des fluides : souffle de la voix qui s'accorde à l'aspiration/expiration et qui, parmi les objets qui transitent et relient le dedans et le dehors, est sublime, celui qui est le plus susceptible de sublimation.
Un corps comme tout à trous qui est marqueur de notre dépendance et simultanément de notre autonomie par rapport à l'environnement, à l'Autre !
C'est difficile tout cela ...