25.08.2012

A Lyon, je m'étais formé un cocon. Avant mon départ je sentais que c'était une forme de gâchis de laisser tout cela derrière moi. Je ne me fais pas d'illusions, je sais qu'à mon retour je n'en retrouverai rien. Mais c'est une décision que j'avais prise. Partir seule et construire seule. Que chaque pierre qui s'accumule, qui construit, soit posée de mes propres mains, de ma propre volonté. C'est un désir fort, parfois une obsession. Je comprends à quoi il est dû, mais peu importe.
Parfois ici je me questionne sur la valeur et le sens de ce que je suis en train de vivre. Le côté éphémère que revêt chaque moment a quelque chose de grisant, et parfois ces instants me paraissent insensés. J'explore l'aspect enrichissant de cette frébrilité.
La France est un mot lointain, Mexico en est un inconnu. Ni là-bas, ni d'ici. Je suis un hybride. Un hybride en mouvement.

" Un viento violento proveniente del ineterior de la tierra levantaba la arena y la convertía en un río a la altura de mis rodillas. Ese río de arena se precipitaba hacia el mar, y ahí, como faunos, las dos furiosas olas se abrazaban."


Le dessin et le texte en légende sont d'Edmond Baudoin dans Viva la vida, los sueños en Ciudad Juarez




22.08.2012

... Impression fugitive


Visions surréalistes

Dans un micro*, Eye of the tiger à fond dans les enceintes, asssise a côté d'une nonne.
Je ne peux m'empêcher de chanter cette chanson qui devrait se hurler. Les portes du micro sont ouvertes, les odeurs de sauce et de tacos de cabeza rentrent et se faufilent entre les sièges. On roule vite, dans une immense avenue d'un des quartiers les plus chics de la ville. Là-bas il y a l'office de migration. Mon visa n'est toujours pas prêt, deux heures de queue pour rien, pour la troisième fois. J'en rie.
Le micro monte sur une passerelle, redescend, et nous voilà ailleurs. Les cantinas ont remplacé les magasins de luxe, il y a plus de trafic, les rues sont moins asceptisées. Le micro se remplit et mon humeur change avec la musique.
Depuis que je suis revenue de Valle de Bravo je me rends compte à quel point la ville est saturée de pollution. Certains jours, j'évites les grands axes et retient ma respiration en traversant. 


* les micros sont des petits bus chaotiques qui sillonnent la ville. Leur fonctionnement est informel, leur destination et leur chemin est un peu aléatoires, il faut les héler au coin des rues pour monter dedans sans jamais qu'ils s'arrêtent vraiment.

El bosque

Plus d'une heure pour sortir de la ville. La périphérie se rapprochait et les contrastes se faisaient plus marqués. Sur le flanc d'une colline, des baraquements de bidonville. Sur l'avenue en contre bas, des tours de verre et des centres commerciaux. Peu à peu les arbres ont remplacé le béton et la nuit a tout recouvert de sa cape bleutée. Somnolant a moitié, je me laissais bercer par les rires des autres, leurs silences et la musique qui accompagnait notre fuite.*

Bien plus tard, on a quitté la route principale pour une autre qui serpentait à travers la forêt. Je n'avais aucune idée du paysage au-delà des arbres que je distinguais sur les bords de la route. Tout était envelopé de brouillard, un brouillard qui laissait voir les troncs, les branches mais qui camouflait tout à plus de vingt mètres.

Ce jour où la réalité était autre

Une pause de quelques minutes pour manger des chips au piment. L'air était frais. Je l'avais presque déjà oublié. Prendre le temps d'en remplir nos poumons, et rouler encore quelques kilomètres.
Dès le début j'ai senti que cette forêt portait quelque chose en elle. La nuit était sombre, on n'y voyait pas loin. Nos pas étaient incertains, faits de trébuchements et d'hésitations. On a gravi une coline le souffle court. Au point culminant, un abri circulaire, sans murs, au toît semblable aux temples chinois. Au centre de la dalle en béton nous avons disposé des aiguilles de pins et du bois sec, autant que l'humidité nous permettait d'en trouver. Il y avait aussi des brindilles d'un arbre magique, très résineux, parfois d'une transparence rougeâtre. La fogata a pris rapidement et a réchauffé nos pieds nus.
Je me suis endormie doucment, sentant la chaleur des flammes dans mon dos et la fraicheur de la forêt sur mes joues.
Une averse nous a réveillé un peu avant l'aube. Un d'entre nous est allé chercher du bois pour ravitailler le feu et le sommeil nous a rattrapé.
Au matin nous avons quitté la brume de la forêt pour marcher pieds nus dans un champs boueux.

El mirador...     ....et mon envie de vertige.

Les photos sont de Daniela Quintero...
>>> http://otrasluces.tumblr.com/ <<<


*Impossible de trouver On the road again de Johnny Young sur le Net, alors que c'est cette langueur qui traduit au mieux ce moment.

14.08.2012


Egon Schiele

Il n'est jamais trop tard pour écrire. Je veux dire, la nuit est porteuse de sensations, d'envies, d'idées. C'est cela que je sens en ce moment. Une attirance pour les mots, la necesité qu'ils ne restent pas à l'état de pensées. Je veux interrompre leur vol et les immobiliser temporairement, pour mieux les sentir, et pour les partager.
Comme fond sonore, une émission de radio “artisanale” enregistrée par des gens d'ici, une discussion sur la signification et l'utilisation de l'expression “esta chica me late un chingo”. Littéralement, cela signifierait “cette fille fait bien battre mon coeur” (mas o menos...). Plus naturellement, cela exprime une attirance pour une femme. Je crois bien qu'il n'y a qu'ici qu'on peut entendre cette expression de la bouche des hommes.


Depuis un moment, je me questionne sur la relation que l'on peut avoir à son corps, à celui des autres, à celui de l'Autre. C'est aussi une reflexion sur les rapports de sexe, et de genre. Ces pensées sont stimulées par ce que je vis, ce que je vois, lis et ressens. Mais d'autant plus ici où les rapports homme-femme ont une signification différente. Ils sont exacerbés, parfois ils me paraissent simplifiés, portés à l'état de carricatures ou de symboles. Et à la fois, à travers les conversations, à travers la peinture ou des lectures, je découvre ici la multitudes de portes que ces questions peuvent ouvrir.
Une féministe argentine, Diana Maffìa, a écris sur la dimension symbolique de la frontière. Elle envisage les corps comme une frontière, comme “une limite qui (re)ordonne les aspects de la vie” (comme le temps, les comportements ou le d'esir par exemple). Les corps comme “lieux de séparation ou de rencontres”. Envisager le corps comme une zone de clivage qui faconne l'identité a quelque chose de fascinant. A la fois c'est une porte ouverte à toutes les violences immaginables, physiques, symboliques, psychologiques, puisque cela revient à octroyer au corps une vulnérabilité qu'il n'aurait pas sinon. Et à la fois, le corps devient une sorte de facade interactive, perméable, et capable de transfromer les vies et les personnes. Le corps revêt donc une fragilité très émouvante,, comme une ligne éclairée à la lueur d'une bougie, une ligne tremblante, vascillante. Voilà pourquoi l'idée de coprs comme frontière me parait si intéressante.

Pour ceux qui souhaiteraient lire ce qu'a écris Diana Maffìa,

06.08.12


Eje Central Lazaro Cardenas


Il pleut à Mexico. Plutôt, il pleut à Nativitas. La ville est tellement étendue qu'il peut pleuvoir à Coyoacan et faire un soleil de plomb à Chapultepec. Il m'est difficile de trouver les mots justes en francais tant l'espagnol occupe mon esprit.
Pour l'instant j'habite un quartier tranquille au sud. Ici la vie passe et se répète, rythmée par le travail, les tacos et la nuit qui tombe. Tous les matins je suis réveillée par les cris d'un homme qui parcourt les rue. Pendant longtemps, je n'ai pas compris ce qu'il vendait ou annoncait, puisque le temps que je me penche à la fenêtre, sa voix n'était plus qu'un écho lointain. D'une voix rauque, a la tonalité identique tous les jours de la semaine, il crie : “el gaaaaaaaaaaaaas”!

Cerca del Eje central sur. Eboueurs.

En fin de journée, quand les rayons du soleil rasent l'horizon et en sont plus perceptibles derrières les immeubles, le vendeur de tamales pousse son chariot entre les trottoirs : “Tamales! Ricos tamales oaxaquños! Tamales calientitos!”. L'accent étrange des vendeurs de rue et de métro paraissent venir de la fin des temps. Les visages me semblent sculptés dans de l'argile. Les traits marqués et la profondeur des regards rappellent que les origines ne peuvent disparaitre derrière le rideau virtuel d'une société mondialisée. L'Histoire n'a pas commencé à l'arrivée des Espagnols, ni à celle d'Internet. Au DF, MacDonald's et Subway jallonnent les rues aux trottoirs défoncés, côtoient des cantinas aux odeurs de friture et de chile, odeur populaire qui attrape les passants et s'incruste dans leurs vêtements, dans leur quotidien.
Je pourrais filmer et photographier bien plus mais quelque chose retient mon geste, j'aurais l'impression de voler une part de la réalité. 


Le blues rythme mes semaines, me fait découvrir des coins inconnus, et des gens qui sont allés trouver de la magie là où peut en apporter la vie. Définitivement, c'est une nouvelle vie que je m'invente ici. Ce n'est pas le vertige devant l'infini ou bien la peur de tous les possibles que je resssens. Cela ressemble plutôt à un envol, celui du cigne, majestueux car puissant, lent et souple. 

Wolkswagen. Magie de la nuit.

26.07.12

Metro Nativitas


Le matin, je franchis la porte de l'auberge et suis avalée par la fievre de la ville. La fièvre s'insinue en moi, celle de Mexico. Elle me réchauffe le coeur et me transporte à travers les rues. Je marche, marche toujours plus loin dans cette ville sans fin.
La ville aspire les histoires de chacun, les cris, les bousculades, et recrache un torrent bouillonant où le quotidien de chacun se mêle a celui des autres. Une cascade de rencontres, et un million de petits riens qui font de chaque journée une aventure. Parfois, c'est un parcours du combattant, d'autres fois je me laisse dériver et absorbe toute la douceur qui me frole, me caresse et me maintient pleine de vie. Au fond, Mexico est une ville sensuelle. Tout est frottement, contact, mélange. Osmose.
Le corps à corps n'est pas exempt de violence. L'étranger, la femme qui plus est, est comme un objet pris en tension entre chaque regard. Les regards disent beaucoup. Ils disent la curiosité, le désir, ou l'incompréhension. Heuresement, certains sont chauds et accueillants, ils me rassurent et me donnent de la force.
L'expérience du metro en heure de pointe n'est pas toujours agréable. Les mains sont balladeuses et mes regards couroucés ou mes insultes ont peu d'effet sur le voisin profiteur. Son visage reste de marbre, comme si son geste était normal. J'observe les comportements, les codes, absorbe tout ce que ma mémoire peut accepter. Je sens mon attitude changer, mon pas devenir plus sur, et mon regard s'affirmer.
Le metro est extremement populaire puisqu'il dessert une partie enorme de la ville et est très peu cher. A certaines heures de la journee, il est impossible de faire le moindre mouvement une fois ecrasé dans la rame. La foule compacte se maintient par elle-même, un bloc uni par la force des choses. On peut sentir battre le coeur de son voisin tant l'espace entre chacun est inexistant. A chaque arrêt, il faut quelques secondes pour qu'un mouvement s'initie. Soudain, le wagon vomit des dizaines de personnes, les coudes s'entrechoquent et chaque corps est éjecté sur le quai qu'il le veuille ou non.


Pour ceux qui voudraient voyager en toute sensualité :

19.07.12


La nuit a ete courte. Il faut dire que l'agitation est grande et aurait pu me maintenir eveillee toute la nuit si mon corps ne me suppliait pas de le laisser se reposer.

Le ciel est unifromement gris. D'un gris clair sans nuances ou aucun nuage ne se remarque, ou aucun ton ne l'emporte sur un autre. Les nuages sombres de Bretagne dont la masse se detachait sur le bleu du ciel n'ont rien a voir. Je crois que pour le ciel, je preferais encore la Bretagne.

Centro historico. Amanecer.

Le voyage en avion m'a paru extrèmement rapide. J'y ai rencontré un jeune chercheur en agronomie, tombé amoureux du Mexique il y a 10 ans et qui y a posé ses valises depuis. Les rides au coin de ses yeux accompagnaient un sourire qui fendait son visage. Sa présence et sa discussion ont accompagné mon arrivée.

Les quinze dernières minutes, nous avons survolé la ciudad de Mexico (plus communément appelée DF, prononcé défé). 15 minutes a 400km/h au moins, je vous laisse faire le calcul de la surface parcourue. Des montagnes au sommet rond et doux (des volcans pour certaines) délimitent une plaine énorme, un plateau recouvert de béton, cables,tours, une sorte de flaque urbane qui s'étale a perte de vue.

J'écris ces mots assise sur le toit de l'auberge de jeunesse. Des jeunes travailleurs viennent de passer sur le toit d'en face. Ils longent les briques au bord du vide pour s'arrêter assis, les jambes pendantes et manger leur petit déjeuner. Ce sont des ouvriers qui vont retaper le clocher d'une église.

L'arrivée a l'aeroport a été rude. Assomée par les heures d'avion, Benjamin (le chercheur en agronomie) est resté a mes cotés pour le contrôle de migration et la douane. Puis il s'en est allé prendre son avion pour San Cristobal del as Casas. Une foule compacte attendait a l'arrivée, des cris et des larmes fusaient de toute part. Je me suis sentie entourée de ces effusions, bien qu'elles ne concernaient pas.
Et puis, le vide, l'immensité de la ville face a moi, minuscule dans un monde dont je ne connais rien. Les voitures qui vrombissent, passent a toute allure. Bref, une sortie d'aéroport comme les autres. Ma tête tournait devant tant d'agitation. Les mouvements, le bruit m'ont pris a la gorge. J'ai pensé : « A force de vouloir faire la maligne, tu vas peut etre finir par connaître ce que tu cherches tant ». On ne sait jamais vraiment pourquoi l'on part. Je ne pense pas fuir. En tout cas, on ne sait pas ce que l'on va trouver et c'est à peine si l'on sait ce que l'on cherche.

Je ne voulais pas prendre le metro en heure de pointe avec mes bagages, on me l'avait déconseillé a plusieurs reprises, comme de prendre le taxi, mis a part un taxi « autorisé ». Les taxis « autorizados » coûtent la peau du cul, plus cher qu'une nuit a l'auberge. Je n'arrivais pas a me résoudre a payer aussi cher pour rejoindre le centre ville. J'avais en tête Cuba et notre arrivée a l'aéroport. Elle a été a l'image de notre voyage. Nous avions refusé les taxis et préféré le bus pour finalement atterrir en pleine nuit dans la Havane, sans avoir aucune idée d'ou nous étions. Je pense que les premieres heures à l'arrivée déterminent beaucoup la suite du voyage,elles donnent le ton de ce que pourra être la suite. J'ai déambulé un peu avec mes gros sacs devant la sortie des passagers. Je regardais les visages, cherchant un air chalereux, un regard qui m'inspirerait confiance afin de demander conseil.

J'ai rencontré Edgar, un jeune mexicain qui attendait un ami anglais. On a discuté quelques minutes et il m'a proposé de me conduire en centre ville, puisque c'était son chemin. Edgar a été la chance de mon arrivée. Une fois retrouvé son ami anglais, on est monté dans sa toute petite voiture qui fendait courageusement le flot des centaines de véhicules a toute allure sur le périph'. Un monde féérique digne de films qui jusqu'alors me paraissaient « exotiques ». Les lumieres de « 2046 », les enseignes d' « Enter the void ». Des panneaux géants jalonnaient notre parcours, vantant les mérites de produits ou destinations inconnus.
De fil en aiguille, nous ommes allés mager des tacos dans un bouiboui eclairé au néon, la télé en fond sonore.
La police est omniprésente de jour comme de nuit. La nuit, les flics paradent a l'arrière de pick-up, armes aux bras, sirènes hurlantes, à fond la caisse entre les voitures. Ils semblent en spectacle permanent. Il y a bien sur une part d'intimidation, mais ca n'a rien avoir avec les trois jeunes recrues du plan vigipirate qui surveillent le métro a Marseille... On sent qu'ils jouent sur la peur et la violence qu'ils dégagent. De jour, ils sont plantés tous les cinquantes mètres, de part et d'autre du trottoir, équipés comme des CRS en pleine émeute urbaine. Certains pianotent sur leur portable, d'autres jettent des regards noirs a qui oserait un coup d'oeil. Leur présence crée une ambiance sans cesse incertaine, comme si tout pouvait arriver d'un moment a l'autre.
Ce qui d'ailleurs semble vraisemblable. A la question de son ami « cosas nuevas en tu vida? », Edgar a repondu «  oui, ils m'ont attaqué ». Il s'est retrouvé dans une fusillade ou sa voiture a été completement detruite, meme si lui a eu l'air de s'en sortir indeme. Son ami anglais, qui a deja vecu au mexique, ne semblait pas surpris. Ces quelques mots glissés dans une conversation banale m'ont fait pendre conscience a quel point la vie semble fragile ici, d'autant plus pour celui qui ne connait pas les codes. Pour autant, je ne ressens pas l'insécurité, a part a travers la presence éxagérée de la police.
La cerveza et les tacos nous ont aussi permis de parler des dernieres élections présidentielles. Le récent article du Monde Diplomatique est apparement fidele a la situation actuelle. (Sur Internet, l'article n'est pas encore disponible en entier, mais voici quand même >>> le lien <<< ). Les narcos semblent dicter le jeu de la démocratie puisque l'insécurité montante dûe aux guerres de territoires est entre autre le résultat de l'alternance politique et de la guerre declarée aux narcos par le précédent président Felipe Calderon. Il semble également que les accusations portées par AMLO (PRD,gauche, candidat "perdant") envers E.P. Nieto (PRI, droite liberale, candidat "vainqueur") soient fondées. Le PRI aurait acheté des millions de voix à travers divers moyens (pressions, chantages, cadeaux, promesses, argent). Edgar m'a dit en avoir fait les frais a son travail, tout comme sa mère. Le PRI contrôlerait une grande partie de la population votante grâce à sa mainmise sur les travailleurs. Ce sujet mériterait des recherches plus approfondies. AMLO a porté plainte aupres de l'institution électorale mais celle-ci semble acquise au PRI, tout comme les médias de masse, voir la justice. C'est un sujet complexe puisqu'il est lié a une multitude de problemes de la societe mexicaine.



17.07.12

Quimiac

Une journée à Paris, je prends le temps de faire le nombre incalculable de choses à faire avant le départ.
Je me sens complètement déconnectée de cette ville, de ce moment. Je suis déjà un peu là-bas, dans des rues peuplées aux couleurs criardes et aux odeurs piquantes. En même temps, une part de moi s'accroche à cette terre. Je ne m'arrache pas totalement aux paysages, aux odeurs, au regards que j'aime tant. C'est une tristesse profonde qui accompagne mes gestes et qui se lit dans mes yeux aujourd'hui. Ce matin, les nuages s'effilochaient à l'arrière du train. Les wagons transperçaient doucement ces nimbes de coton en s'éloignant des bords de mer. C'était doux et terriblement mélancolique. Le sommeil a anesthésié provisoirement mes émotions.




Quelques mots de Bhale Bacce, fidèles au moment présent...

" Les êtres et les sentiments trépassent et laissent un goût amer
Souvent seul on se retrouve face à l'impasse de notre propre existence
(...)
Voilà le genre de méditation paralysante

Qui rend les bons moments plus forts et la mélancolie omniprésente

C'est dans ces heures sombres que mes mots me soutiennent

Je leur confie mes démons, mes joies, mes peines
Puisse la feuille ne jamais me trahir
Puisse mon inspiration ne jamais se tarir
Puisse-t-elle toujours se nourrir de ces choses qui n'font pas rire
Conscient qu'il y a pire, pardon à ceux qui souffrent vraiment
A côté mes tourments s'offrent le luxe d'un soupir et tant pis si ça vous fait sourire
Les soirs où j'ai le cafard par manque de perspective
Personne n'est là pour me dire que mes angoisses sont relatives
. "