Cloitrés dans une chambre d'hôtel.
Yohann a mis de la musique. Thierry Robin. Le nom ne dit pas grand
chose, ca sonne musique indienne et parfois on dirait
du flamenco. On ressent aussi les vibrations des basses du reggaetown
diffusé dans la rue. Plus le bruit des voitures et des bus. Drôle
de mélange. Drôle de moment. Drôle de ville.
Il fait chaud, très chaud. Je crois
bien que c'est la chaleur qui m'a réveillé ce matin. Il était 7h
et l'eau de la douche était tiède. Mes compagnons de voyage
dormaient encore, sur le dos, la bouche ouverte. Avec cet espèce
d'extase du sommeil, ajouté à la lourdeur de la chaleur qui leur
écrasait le corps.
Dehors, les stands du marchés étaient
en train d'être installés. J'ai acheté 3litres d'eau et trois
mangues. Les petites jaunes, mes préférées. De retour à l'hôtel,
j'ai épluché les mangues pour que le réveil soit doux. Le temps
d'aller petit déjeuner et de revenir, on suait tous les trois. Notre
pas était lent et le regard un peu vague.
On était pas du tout partis pour
rester ici. Mais faute de billets de bus il nous faut attendre 24h
avant le prochain départ pour le Chiapas. On est donc restés ici le
temps d'attendre, la queue entre les jambes, un peu dépités.
J'apprécie ce genre d'imprévus, mais j'avoue que cette ville ne me
transmet pas une grande énergie. Les trois lignes dans le Guide du
Routard nous ont fait rire : « Chetumal : pas grand
chose voir. Ville de passage pour le Belize ou le Guatemala. »
Voilà, tout est dit...
Le voyage a commencé à Tulum, dans le
Quintana Roo, au bord de l'Atlantique, au sud de Cancun. Trois jours
de festival sur la plage. Levers du soleil en dansant, de beaux
moments. Mais Tulum est très cher et c'est rempli de gringos.
Marre d'entendre l'anglais dans la rue et un conflit avec le gérant
de l'auberge de jeunesse a fini de nous jeter hors de cette ville.
(Le gérant voulait nous soutirer le plus de fric possible... On a finis par lui lâcher un billet de 500 pesos pour éviter
la police qui nous aurait bien plus raquettée. En s'eloignant à
pied de l'auberge, on a réalisé qu'au final, dans sa volonté de
nous soutirer le plus de fric possible, il avait oublié la moitié
de la note... Drôle de conclusion : se plier à la corruption
mais en sortir gagnants...)
On
commence donc à longer la côte en direction du Belize et on décide
d'un arrêt à la Laguna de Bacalar. Connue pour les sept couleurs de
son eau cristalline. En chemin on rencontre Sebastian qui nous amène
jusqu'au village. Il nous présente à des amis qui louent une
chambre. Un couple étrange. Lui est skipper sur le lac, elle est
Argentine. Leur maison a la forme d'une pagode, le toît vert. Dans
le coin, ils l'appellent la casa china.
Casa China _ Bacalar |
Sebastian
nous invite à manger chez lui le soir même. C'est Noël. On amène
un ananas, le seul vivre qu'on transportait avec nous. Drôle de
soirée. J'avais connu Yohann et Johan à travers notre séjour dans
la communauté de Costa de Oro à Veracruz et nous voilà dans une
maison magnifique au bord d'un lac à l'eau turquoise, entourés de
cinquantenaires canadiennes. A la table, l'anglais, le français et
l'espagnol se mélangent pour échanger des banalités autour d'un
buffet de rois. D'anciennes hippies qui ont juste gardés le bandeau
autour de la tête et dont les abords des yeux sont creusés par les
rides à force de sourire.
Les enceintes
diffusent de l'electro : Trentemoller. Sommes-nous toujours au
Mexique ?
Le repas touche à
sa fin et une des señoras sort un bout de shit. Elle l'a ramené du
Canada, transporté en avion dans un pot de crème de jour. Une autre
a recu en cadeau une pipe taillée dans une graine. Elles fument le
shit, un peu comme des adolescentes prises en faute. Pour certaines
d'entre elles, ca devait faire longtemps qu'elles n'y avaient pas
touché. La plus grande commence à danser avec son caniche dans les
bras en poussant des hurlements de loup. Fous rires.
Nous, on va
s'asseoir au bout du ponton, les pieds dans l'eau. Les palmiers en
vue, la villa éclairée derrière nous. Joyeux Noël.
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