Erika Florencia



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Ay que bonito es volar
Volar y dejarse caer
En los brazos de tu hermana
Hasta quiziera llorar
Lilia Downs _ La Bruja

Elle s’appelle Erika Florencia. 
Une nuit de janvier, à San Cristobal de las Casa, elle va retrouver des amis dans un bar, avec son petit ami, Ernesto. 
Ils boivent un peu, ils rient, ils dansent la salsa. 

Un ami l’invite à danser.
Cela fait longtemps qu’elle ne s’était pas senti aussi légère.
Ca se voit sur son visage.
Ses traits sont détendus, et son corps devient se fait plus agile au rythme de la musique.
Ernesto le remarque.
Il se renfrogne.
Elle aperçoit son visage sombre mais décide de ne pas en prendre compte.
Pour une fois, elle se laisse se faire plaisir. 

Vers 3h du matin, ils sortent du bar. 
Le froid les enveloppe, ils marchent rapidement. 
Ernesto est toujours renfrogné. 
Elle sait pourquoi. 
La jalousie , celle qui ronge le cœur des hommes. 
La possession, celle qui empêche à l’amour de prendre ses ailes. 
Elle se tait, elle le connait, mieux vaut ne pas provoquer, éviter qu’il s’énerve. 

Mais Ernesto a la rage en lui.
Il lui faut la sortir.
Sa copine est là, frêle, fragile.
Et puis c’est facile de décharger sa colère sur elle.
La domination qu’il exerce sur elle n’est pas née cette nuit.
Elle est là depuis quelques temps déjà.

D’ailleurs , les coups qu’il lui assène cette nuit sur le visage ne sont peut-être pas les premiers.
Cinq. 
Cinq coups de poing de chaque côté de son visage. 
Ses joues restent marquées. 
Ses yeux ne pleurent pas lorsque je lui parle. 
Peut-être qu’ils sont déjà secs de toutes larmes. 
J’y lis la peur et la tristesse. 

Elle est dans mes bras, la tête sur mon épaule et je lui demande une faveur, celle de ne pas se taire.
Pour elle et pour toutes les autres.
Lui dire que cela n’est pas normal.
Qu’elle est quelqu’un, autant que lui.
Que sa personne a une valeur.

Au commissariat, Erika Florencia signera le document qui permettra qu’Ernesto reste 36 heures en garde à vue.
Mais le lendemain matin, lorsque j’y retourne pour récupérer des infos sur la plainte, le juge m’apprend qu’Erika Florencia vient de passer. Elle est venue avec sa mère. Elles ont payé la caution pour qu’Ernesto sorte de garde à vue. Devant mon visage étonné, le juge m’ouvre la porte des cellules. Effectivement, parmi les visages hagards derrière les barreaux, celui d’Ernesto est absent.


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Ceci est une histoire vraie, évidement. Malheureusement. Ce n'est pas seulement celle d'Erika Florencia, vous le savez. La rencontre avec Erika fut celle d'une nuit froide à San Cristobal de las Chiapas. Je n'ai pas cherché à la revoir par la suite. Son histoire lui appartient.
La chanson est écrite et rappée par un argentin rencontré à San Cristobal. A écouter absolument !



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