Lever de pleine lune sur l'océan _ Mazunte, Oaxaca. |
On m’a fait remarquer, à juste raison, qu’avec le
temps, les articles publiés sur ce blog se sont faits plus sombres et amers.
Que je semblais aller vers la dureté plus que vers la douceur. J’y répondrai
que le réalisme et le pessimisme sont adroits et savent s’entremêler subtilement,
plus fortement qu’il n’y parait. Il est vrai que l’obscur peut lasser. Mais
surtout, il fatigue, s’acharne sur nos forces jusqu’á nous laisser comme des
coquilles vides que le courant a vidées de leurs entrailles.
Yo fui a la Revolución
A luchar por el derecho
De sentir sobre mi pecho
Una gran satisfacción !
>>> LUNA NEGRA _ Los Cojolites <<<
Presque six mois plus
tard, de retour à Veracruz. C’est souvent qu’en voyage on se dit « je
reviendrai ». Mais c’est rarement que l’on revient.
Pour moi,
Veracruz était lié à des sensations peut-être bien plus qu’à des souvenirs
imagés. La chaleur écrasante et la moiteur comme une douceur. L’odeur saline
telle une madeleine de Proust qui me ramène aux relents du port de Marseille. Veracruz
est une ville sans splendeur mais j’étais tombée amoureuse des installations
rouillées du port maritime, des arbres qui habitent ses rues et des secrets qu’elle
parait renfermer, comme toute ville
côtière et portuaire.
Cette fois c’est
avec Léa que je reviens y flâner. Je crois qu’on est toutes les deux d’accord :
on est venues pour ne rien faire.
Encore une fois
je pars du Distrito Federal pour fuir un certain quotidien, l’enchaînement
rapide des journées remplies de « choses à faire », la fatigue des « choses
faîtes » et le stress de ce qui reste à vivre, à créer, à terminer, à
continuer. Ce n’est pas facile de s’arracher à ce quotidien et à cette ville.
Car, certes je m’y perds (et dans tous les sens du terme), mais c’est aussi un
espace qui me fascine et me passionne. S’adapter à la vie quotidienne de Mexico
est un combat ardu pour moi. Je ne parle pas des codes sociaux qu’il faut
assimiler, mais des millions d’énergies, de flux, de bruits, de mouvements, de
passions, de haines, qui m’arrivent, m’assaillent et que je dois digérer pour
poursuivre ma route. C’est cette digestion la plus difficile. Je me sens (trop)
vite pleine, nauséeuse. Chaque jour je m’évade un temps en pensées, j’imagine la
campagne provençale, ses bruits, ses odeurs. Ses silences et sa saveur.
J’aime être à
Veracruz parce que j’ai une sorte de secret, bien caché, dont je n’ose pas trop
parler, auquel je n’ose à peine penser. Celui de vivre ici un petit temps. Dans
un lieu vert, d’où je vois des arbres. Rester un temps à Veracruz pour écrire.
Écrire mon mémoire, écrire sur le Mexique, écrire aux êtres chers. Et finaliser
la tonne de mini projets en cours ou en attente d’être commencés. C’est un joli
rêve où j’irai me baigner tous les jours et où je filmerai les grues et les
containers du port industriel.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire