La nuit précédente, je m'étais
couchée à l'heure oú la lune fait place au soleil. Le jour se levait et
la lumière bleue m'apaisait. Je revenais du festival de los globos. Dans
la voiture, Ali rappait en arabe, des mots en resistance a
l'occupation en Palestine. Marta riait et Ali aussi. lls dégagaient plus
que jamais l'énergie que j'aime tant en eux. Celle de la joie de vivre,
de l'espérance en le futur.
On
a parlé longtemps, de nos peurs
profondes. De nos difficultés à faire les choses qui nous tiennent à
coeur J'ai eu envie de pleurer mais je me suis retenue. A ce
moment j'ai eu terriblement peur de ne pas avoir la force d'aller a
Xalapa quand je me reveillerai, ainsi que je me l'étais promis. J'ai
eu envie de sortir et de marcher dans les rues avec cette lumière
bleutée.
Je me suis endormie une minute après m'etre assise dans
le car. Quand je me suis reveillée 3h après, il faisait nuit et je distinguais
seulement la route a quelques dizaines de mètres, eclairée par la
lumière du car. J'ai sorti mon carnet ou j'avais écrit l'adresse du
Couchsurfer chez qui je voulais aller. La femme a côté de moi a regardé
et m' a dit de ne pas prendre le bus une fois arrivée a Xalapa. Trop
dangereux. Elle m'a dit de descendre au terminus, a la centrale de car
et pas avant. Trop dangereux. Une fois arrivée on a pris le taxi
ensemble et elle m'a raconté comment on l'avait braqué plusieurs fois
dans le taxi. J'étais consciente d'etre tombeée sur quelqu'un de
particulierement flippé, mais j'avais du mal a ne pas sentir la peur
qu'elle souhaitait a tout pris me communiquer. Le taxi m'a déposé devant
une maison qui paraissait inhabitée. Les fenêtres fermées et un cadenas
a la porte. J'ai attendu quelques minutes, ne sachant si je devais avoir peur ou
non. Il n'y avait pas d'eclairage et je n'avais pas vraiment idée d'ou
j'étais et ou j'allais atterrir.
Le fait de partir
était symbolique et m'a demandé beaucoup d'énergie. J'ai douté jusqu'au
dernier moment, jusqu'a sortir du bus et sentir que l'air était plus
chaud et plus humide. J'étais a Xalapa.
A
l'est du DF, dans l'Etat de Veracruz, pas très loin de l'ocean
Atlantique. En fait j'aime beaucoup le nom de cette ville, c'est
pour ca que j'y suis allée. Ca se prononce "Jalapa". Comparée au DF, la
ville est petite. Tres diffèrente. Ici les
gens prennent le temps de boire un café en terrasse, il y a moins de
voitures. D'ou j'ecris, je surplombe la ville et les montagnes sont
toutes proches. Pas comme au DF ou on les distingue vaguement a travers
un nuage de pollution. Je me perdais un peu au DF. J'avais du mal a me
sentir avec moi même. Je vis beaucoup a travers les fiestas et le
mouvement. Il y a beaucoup de choses qui
me changent.
Je
ne raconterai rien de Xalapa, délibérément. Ce fut un voyage intèrieur
bien plus que culturel, touristique ou même spatial. A Xalapa j'ai pris
le temps de parler avec une folle dans le parc Benito Juarez. J'ai
marché dans la forêt et suis descendue dans les profondeurs d'une
grotte. J'ai parlé de la mort, celle qui nous entoure, qui nous frôle,
celle dont on ne sait pas si elle est réelle ou non, et quelle réalité
revêt-elle ?
J'ai pensé à Hiroshima mon amour.
"Tu n'as rien vu à Hiroshima".
"J'ai tout vu à Hiroshima, tout."
La réalité est celle à laquelle nous croyons.
El patio chez Rodrigo y Gabriela, Xalapa |
Ne rien faire à Xalapa |
Contemplations quotidiennes. Xalapa. |
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