Journal de l'ici et du là-bas

(Le texte est avant et après les photos!!!)


03.07.2013
Les six derniers mois sont passés à toute allure. Février 2013, je me retourne et je me vois sur le balcon avec Ophélie en train de fumer une clope. Rentrée il y a quelques jours d'un long voyage, à sentir mon sang couler hors de la ville. Cette peur de me faire happer par un rythme infernal. Comment tenir ? Six mois il restait. Pile poil six mois. Je les sentais longs, pesants, presque ennuyeux. Ophélie, qui part quelques jours avant moi, a toujours était celle qui partirait « avant ». Celle à qui le temps est compté. Elle m'a dit « Olala, plus que six mois... ». C'est l'a que j'ai pensé « Certes, autant les vivre comme ça ».
Le temps a passé, lentement au début, et maintenant, les jours passent à un rythme effréné.
Tous les jours, cette question : « Tu pars quand ? »,« le 18 ». « Et tu reviens quand ? »

J'aime me surprendre à rêver. D'un futur inexistant, ni possible, ni impossible. D'un quotidien ici qui ne soit pas barré par le mur du départ devant moi, un mur que je vois se rapprocher chaque jour, rendant les jointures des briques toujours plus nettes, et les détails du béton toujours plus précis.
« Où tu aimerais vivre ? », « Là-bas, dans la colonia où vit Mayra. Là où il y a le parc, tu sais ? A un petit temps à pieds du métro Normal, pas si loin du centre. » Jamais je ne l'avais vu comme ça. Et ça m'a plu.
J'ai vu le parc, ses arbres verdoyants, les rayons de soleil sur les feuilles, entre les branches, jusqu'au sol. La fontaine. Le salon de coiffure à la devanture colorée, tenu par un des travestis le plus reconnu de la zone nord de la ville. J'ai vu la petite veille sortir du café où elle fait le ménage, portant un sac si lourd qu'il fait pencher tout son corps, à tel point qu'elle paraisse une brindille ployer sous les rafales d'un vent du nord. J'ai vu le stand de jus de fruit, les immeubles bas, certaines façades délabrées, mais toutes peintes aux couleurs de la joie de vivre.

Ce sont des rêves interdits. Des secrets divulgués à l'incertitude.


Nuit pluvieuse

Le fantôme du métro Cuitlahuac
Au Zocalo, une nuit pluvieuse

Au Zocalo, une nuit pluvieuse

Eje Central, la même nuit

Eje Central, saison des pluies

La tristesse





Metro Bellas Artes


L'attente

El borracho

El borracho

El borracho


 Le jour


"Porque todos llevamos una cruz".....

Anticaire sans le savoir

Oignons en attente, ou futur tacos


Qui a dit que le métro était un repère d'amoureux ?


Vierge sur fond rose
Eglise "La luz del mundo" (la lumière du monde).... Rien que ca.
Illusions de confort sur ciel pollué

Quand un canard et un Christs veillent sur les passagers

Sans commentaires

L'heure du Pastis

Manèges deserts


La peur de la tristesse, manège.
"Le monstre", ville du Distrito Federal

La cosmo


Notre amour affrontera toutes les tempêtes

Quand la rue devient rassurante

Tuer le temps 

Tuer le temps, deuxième volet

Quand les pouvoirs se rencontrent, politique et religion au coin de la rue.

La lumière est bleue

Intrusion 

Il n'y a pas d'heure pour manger




05.07.13
Petit pays je te connais depuis le berceau. Les jeux dans les champs qui aujourd’hui sont lotissements, HLM, et station d’épuration. Les voisins paysans qui aujourd’hui ont abandonné leur terre, celle-ci ayant fait place à un centre commercial, parking et station essence. Les rues de Mazargue, autrefois village de pêcheurs, que je n’ai connu que comme une banlieue de classe moyenne, avec sa boulangerie Paul, son boucher aux grosses mains rouges, les cités et les pavillons qui poussaient comme des petits pains, encerclant les rues encore vivantes et colorées. L’odeur du Pastis en rentrant au bar PMU, et celle de la cigarette, encore tolérée, les matchs de foot a la télé. Les rues remplies du centre, d’odeurs, de déchets, de monde, de langues, et de visages dont les traits dessinent le monde entier. Les pizzas a 4euros, les inombrables films vu au ciné d’art et d’essai, les sièges moelleux, et l’odeur du Vieux Port qui nous lèche les narines en sortant. Les heures de marche, en long et en travers de la ville, les tongs usées, le sable qui colle aux pieds, les bras poisseux, et le sel qui irrite la peau, chaude de tout le soleil qu’elle a emmagasinée dans la journée. L’amour dans les aiguilles de pin, les bigorneaux de Morgiou, les bières qui remplacent les jus de fruit a la terrasse des bars. Le soleil qui disparaît derrières les îles du Frioul, les fesses humides de la baignade, posées sur les rochers blancs de Malmousque. Le vent. Les rafales du Mistral en hiver, qui chassent les nuages., qui énervent les passants mais nettoyent les rues poussiereuses. Le vent du sud, qui laisse une pellicule de sable rouge sur les voitures garées dehors, surprise matinale : non, l’Afrique n’est pas loin.

Serait-ce la naissance, le sang de mes parents et de mes ancêtres ? Serait-ce la mémoire de 22 années de vie sur un territoire précis ? Serait-ce la langue, les saveurs, l’école ? Le sentiment d’appartenance est-il llusion ou réalité ? Pure construction mentale, ou expression et sensation ? Tout ca, tout ca. Tout ca en même temps, et tant de choses a la fois. Illusion ou réelle sensation ?

Si l’on s’attache réellement, avec tout corps, avec ce que l’on ressent, dans nos muscles, notre sang, nos tendons, notre peau, nos organes ; Si l’on s’attache réellement, avec tout son esprit, nos pensées présentes, nos projections intèrieures, nos rêves et désillusions ; Si l’on s’attache de tout son être a “être” dans l’ “ici” et le “maintenant”, jamais on ne sentira autre appartenance que celle du sol que l’on foule de nos pieds, ici et maintenant.

Les projections futures, les plans, les projets, les rêves et les désirs ont une existence, mais ne sont qu’un masque au présent. Rien de plus que la fumée d’une bougie que l’on fait disparaitre d’un souffle. Ephémères, elles sont illusoires. Mais vraies.
Les décisions sont des fugues. Un espace-temps hors de l “ici” et du “maintenant”. “Je ferai ca”, “je vivrai là-bas”, “je commencerai ceci”, “je vivrai avec untel”. Le futur n’acquiert réalité qu’en devenant présent. Si tenté est qu’on sache le vivre de tout son corps, de tout son esprit. Tout son être concentré, sentant, ressentant, et jouissant dans le plaisir et la douleur de l' “ici” et du “maintenant”.


Quand je serai la bas, où je ne suis pas maintenant, y aura-t-il un sens a projeter un présent ici, ou je ne serai pas, étant la-bas ?

Le féminisme a la vie dure



Elle : la soixantaine, mariée depuis 30 ans, a un fils et une fille, vit avec ses enfants, son mari, son frère, sa sœur, le mari de sa sœur et les deux enfants de sa sœur.
Conversation inattendue.

« Elle traite son corps comme une machine bien huilée »


Toute fière, elle m'amène le livre. « C'est un livre d'auto-estime ! ». Regard dubitatif de ma part. « Bah oui, pour avoir confiance en toi, pour savoir que toi aussi tu vaux quelque chose ! ». Ah. Bien. Je me dis qu'il serait temps de mettre mes préjugés de côté et de m'intéresser à ce à quoi la majorité des gens s'intéresse. La couverture ferait très « livre-de-gare » en France. Ici, elle fait très « livre-de-vendeurs-ambulants-du-metro ». Bon, l'image ne m'enthousiasme pas. Le titre non plus. « ¿Por qué los hombres aman a las cabronas ? De tapete a chica de ensueño. » Autrement dit « Pour quoi les hommes aiment-ils les cabronas ? Du tapis à la fille de rêve ».
Tout est dans le cabronas.
Cabrona vient du féminin de cabrón, celui qui ose, celui qui abuse, celui qui joue des tours, celui qui trompe. Bref, un terme généralement utilisé de façon amicale et affectueuse. Il peut prendre le sens de connard ou enfoiré, mais c'est rare.
La cabrona, celle qui ose, qui s'en fout, qui joue des tours, qui trompe. Ici, envers les hommes. Et donc surtout, dans ce contexte, celle qui est sûre d'elle, indépendante. Celle qui séduit pour séduire, celle qui a mis les valeurs de mariage-famille-patrie de côté, celle qui peut et qui ose faire du mal.
Voilà tout ce que j'ai pensé en voyant la couverture. La couverture : une femme blanche que l'on devine nue -mais dont l'image s'arrête en haut de son buste-, cheveux châtains, courts, qu'elle relève dans ses mains. Et le regard, de défi.
Je jette un œil au bouquin. Il prétend à une analyse du comportement dit « masculin » envers la gente féminine, et donne des « conseils » afin de séduire et surtout, de garder l'homme en question. En gros, il vaut mieux être une cabrona si l'on veut se faire désirer sur le long terme, et garder l'objet tant convoité.
J'ouvre le livre au hasard.... « Les dix caractéristiques de la cabrona sont : 1. elle maintient son indépendance ; 2. elle ne le poursuit pas ; 3.elle est mystérieuse ; 4. elle le quitte par exigence ; 5. elle ne permet pas qu'il la voie passer un mauvais moment ; 6. elle a le contrôle sur son propre temps ; 7. elle garde son sens de l'humour ; 8. elle se sent courageuse ; 9. elle se passionne pour des choses qui ne sont pas en lien avec lui ; 10. elle traite son corps comme une machine bien huilée »
(Entre nous, le dernier est encore le plus savoureux)
Et là, le doute m'envahit. J'y reconnais ma propre attitude.


Le sacrifice


- Elle : « L'homme est un chasseur. Une fois qu'il a attrapé sa proie, elle ne l'intéresse plus. Moi j'ai dû comprendre ça. Ça m'a aidé ce livre. Tu sais, mes parents étaient analphabètes. Ma mère savait pas lire. Elle avait des valeurs... Enfin, j'ai été éduquée avec ces valeurs. Ma mère a jamais travaillé. Elle s'est occupée de nous. A cette époque, les femmes étaient faites pour se marier, avoir des enfants et voilà. Elles avaient pas vraiment le choix. Moi j'ai voulu travailler. Alors j'ai étudié, et j'ai travaillé. Mais quand j'étais jeune j'avais ce rêve de fonder un foyer, une famille, des enfants. Tout ça quoi. Mon rêve c'était de trouver un mari, et d'avoir ma maison, et ma famille. Dans la vie, tout demande un sacrifice. Regarde, toi, tu étudies. Tu sacrifies les amitiés, tu sacrifies le travail, tu sacrifies les fêtes, tu sacrifies les voyages. Avoir une famille, un mari, un foyer, c'est pareil. Ils passent avant, tout le temps. Moi je sais pas comment ça se passe chez les riches. Je connais juste mon milieu, mon quartier. Chez les riches, je sais pas comment ça se passe. Mais j'ai l'impression que la famille est moins importante. Ils ont pas le sentiment de la famille. C'est vraiment triste ça. Parce que à cause de l'argent qu'ils ont, la femme voyage, le mari voyage, les enfants voyagent. Ils se voient jamais. Pour moi, c'est important ma famille. On peut compter les uns sur les autres, on est beaucoup, on s'aide quoi. Je pourrais pas vivre sans ma famille, moi. Enfin bon, il faut que tu lises ce livre. Il t'explique bien comment sont les hommes et comment doivent être les femmes. »
- Son mari  :« Fais gaffe, tu vas presque devenir féministe »
- Elle : « Mais non ! »






Séries de photos quotidiennes




Grafitis du quartier



Grafitis du quartier



Coucher de soleil sur le toît 






Ciudad Universitaria




Ciudad universitaria



Ciudad universitaria



Ciudad universitaria




El Chopo



El Chopo _ Stand de tacos



El Chopo 




El Chopo 





El Chopo 




El Chopo




El Chopo








El Chopo





El Chopo






Le type aux tatouages



El Chopo




El Chopo




El Chopo








Série de la librairie, centre ville




Librairie





Librairie




"Divorces"




Le départ de l'éboueur







Centre ville, moments instantanés










Stand de quesadillas





Vendeur de tamales au petit matin